B. Andenmatten, u.a. (Hrsg.): Aymon de Montfalcon

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Titel
Aymon de Montfalcon. Mécène, prince et évêque de Lausanne (1443-1517)


Herausgeber
Andenmatten, Bernard; Lüthi, Dave; Mühlethaler, Jean-Claude; Pradervand, Brigitte
Reihe
Études de lettres
Erschienen
Lausanne 2018: Études de Lettres
Anzahl Seiten
333 S.
von
Sylviane Klein

Cinq-cent ans après la mort de l’évêque Aymon de Montfalcon, les actes d’un colloque interdisciplinaire, organisé à l’Université de Lausanne à la fin de l’été 2017, lui rendent hommage et apportent des connaissances nouvelles sur son intense activité culturelle et épiscopale. Ils ont donné lieu à un ouvrage mettant en lumière une personnalité hors du commun, aux multiples talents, découlant de son rôle de prince-évêque de Lausanne et prélat savoyard à celui d’ambassadeur du duc de Savoie, de constructeur et de mécène. Fin diplomate, il a fait l’intermédiaire entre la cour de Savoie et le roi de France et les Suisses. Il a aussi marqué l’histoire et le patrimoine architectural du Pays de Vaud.

Aymon de Montfalcon est un représentant caractéristique de l’élite française au passage du Moyen Âge à la Renaissance. Comme plus de 96 % des évêques du royaume de France sous Louis XII, il appartient à la noblesse. Originaire du Bugey, issu de la petite aristocratie, sa nomination, en 1491, sur le siège épiscopal lausannois, est un moment essentiel dans l’ascension d’une famille ambitieuse. Il y parvient grâce à la protection de la Maison de Savoie et en dépit de l’opposition du Chapitre de la cathédrale. Nommé à plus de 50 ans – ce qui est tardif – il reste en place durant vingt-six ans, un long épiscopat, caractéristique cependant de cette époque.

On situe sa naissance vraisemblablement en 1443. La première attestation d’Aymon connue à ce jour est celle de sa mention en tant que moine à l’abbaye de Saint-Rambert-en-Bugey, une identité bénédictine à laquelle il restera attaché. Il poursuivra par la suite des études en droit canon et acquiert le titre de docteur, grade probablement obtenu à l’université d’Avignon.

Titulaire de nombreux « bénéfices » situés dans les limites du duché de Savoie, il devient prince d’Empire, dont un des droits régaliens fut celui d’être autorisé à battre monnaie. Prince-Evêque imbu de la dignité attachée à sa fonction, il fait preuve d’une raideur institutionnelle et de paternalisme autoritaire auprès de ses sujets. Bien qu’il ait des contacts répétés avec le Saint-Siège, il est difficile en l’état actuel des recherches, de cerner les préoccupations religieuses d’Aymon de Montfalcon. Contrairement à d’autres évêques, il ne réformera pas le clergé de son diocèse. Décidé à asseoir son autorité sur les terres lausannoises, ses relations avec les chanoines de la Cathédrale ou le Conseil de ville étaient plutôt conflictuelles.

Aymon de Montfalcon s’est révélé un homme influent en Europe et un fin négociateur. Bon orateur, il était rompu aux affaires diplomatiques et en connaissait tous les rouages, des usages de la cour au cérémonial des affaires juridiques. Son autorité diocésale s’étendant sur Berne, Fribourg et Soleure, il entretenait un rapport privilégié avec les Suisses, ce qui en fit un ambassadeur de Louis XII, en faveur du renouvellement des alliances avec la France. Mais c’est surtout pour la Maison de Savoie, notamment auprès des évêques de Sion, qu’il entreprit de nombreuses ambassades. Il fut un maillon essentiel de la diplomatie savoyarde, ayant été émissaire de la Cour de Savoie durant près d’une quarantaine d’années, à une époque où les ambassades n’étaient pas encore permanentes.

C’est également comme un constructeur novateur qu’Aymon de Montfalcon est connu aujourd’hui. À son entrée en fonction, il acheva la construction du couvent de Savigny et entreprit l’implantation controversée des carmes de Sainte-Catherine du Jorat et du couvent des franciscains observant de Morges. Pour affirmer sa puissance, il aurait voulu implanter un couvent à Lausanne, mais la présence des franciscains, soutenus par le Conseil de ville, l’en empêcha.

Aymon de Montfalcon possédait un goût prononcé pour l’Antiquité, les monuments et l’architecture. Il s’émerveille devant les ruines d’Avenches. Homme d’une très grande culture, nourri des oeuvres antiques, mais aussi de celles de ses contemporains, il s’entoura des meilleurs artistes pour livrer à la postérité des oeuvres que nous admirons encore aujourd’hui. Il vit l’époque charnière entre le Moyen Âge et les prémices de la Renaissance et apporte sa contribution humaniste à l’architecture de son époque.

Il entreprend de nombreux travaux dont les auteurs détaillent notamment ceux effectués sur la Cathédrale de Lausanne et ceux sur le Château Saint-Maire, sa résidence épiscopale.

Au tout début du XVIe siècle, de grands travaux de remaniement ont lieu sur le massif occidental de la cathédrale. Jusqu’alors, la travée la plus occidentale de la nef était traversée par un passage routier reliant la ville basse à la Cité-dessus. L’entrée principale était le portail peint au sud. Ces travaux ont amené à la situation observable de nos jours. Plusieurs chapelles ont vu le jour, dont celle dédiée à Saint-Maurice et aux martyrs thébains, qui deviendra la chapelle funéraire d’Aymon de Montfalcon. C’est ainsi que le portail monumental que l’on peut admirer après avoir escaladé les Escaliers du marché a vu le jour.

L’évêque résidait au Château Saint-Maire, ancien palais épiscopal de Lausanne. Dans cette froide demeure, il fait de nombreux aménagements, une chambre confortable à l’étage, une cheminée monumentale au décor raffiné et un plafond peint à caissons, orné de fleurs aux couleurs chatoyantes. Il y fait même placer des étuves à l’arrière pour chauffer son bain. On y voit aussi partout ses initiales « A » et « M » entrelacées.

Témoins de sa culture et de son goût pour les arts, des fresques murales ornent les murs de cette austère demeure. Au premier étage, il fait décorer le corridor d’une série de figures allégoriques féminines. C’est à l’Antiquité qu’il doit sa devise Si qua fata sinant – si les destins le permettent – qui y figure en référence. Nouveaux pour la région lausannoise, des centaures, d’amples motifs en forme de branches avec des feuilles, ou des putti, ces petits angelots ailés chers aux Grecs et aux Latins, animent les murs de sa demeure.

Sur l’une des parois du couloir central figurent les Douze Dames de Rhétorique, un texte de George Chastelain, auteur à la cour de Bourgogne, qui détaille l’idéal poétique. En face, le Bréviaire des nobles illustre un poème d’Alain Chartier – lecture de chevet de l’élite européenne où s’exprime l’éthique aristocratique.
À droite de la fenêtre de la « salle des conférences » se trouve une fresque murale représentant la Jeunesse qui, emportée par un cheval fou, va s’écraser contre le rocher de Fortune.

Difficile de résumer – on ne peut le faire que succinctement – les nombreuses facettes de ce prince-évêque de Lausanne. L’ouvrage de Bernard Andenmatten, Dave Lüthi, Jean-Claude Mühlethaler et Brigitte Pradervand est donc fortement recommandé à toutes celles et ceux qui s’intéressent à ce personnage charismatique et surtout à cette époque charnière de l’histoire lausannoise, de sa cathédrale et de son château.

Zitierweise:
Sylviane Klein: Bernard Andenmatten, Dave Lüthi, Jean-Claude Mühlethaler et Brigitte Pradervand: Aymon de Montfalcon. Mécène, prince et évêque de Lausanne (1443-1517), Lausanne : Études de lettres, 2018. Zuerst erschienen in: Revue historique vaudoise, tome 127, 2019, p. 175-177.

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Zuerst veröffentlicht in

Revue historique vaudoise, tome 127, 2019, p. 175-177.

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